Le Tour de Gaule d’Astérix est le cinquième album de bande dessinée de la série de René Goscinny et Albert Uderzo Astérix. Il a été prépublié dans Pilote à partir du no 172
(paru le 7 février 1963) et a été publié en album en 1965. Cet album,
tiré originalement à 60 000 exemplaires, raconte l’histoire d’Astérix et
Obélix qui font le tour de plusieurs villes de Gaule.
Parcours
- Village des irréductibles
- Rotomagus (Rouen)
- Lutèce (Paris) : Jambon
- Camaracum (Cambrai) : Bêtises
- Durocortorum (Reims) : Vin blanc mousseux
- Divodurum (Metz)
- Lugdunum (Lyon) : Saucisson et Quenelles
- Nicae (Nice): Salade
- Massilia (Marseille) : Bouillabaisse
- Tolosa (Toulouse) : Saucisses
- Aginum (Agen) : Pruneaux
- Burdigala (Bordeaux) : Vin blanc et huitres
- Gésocribate (Le Conquet)
Plusieurs modifications furent faites au parcours avant la
version finale ci-dessus. Dans les premières esquisses, le parcours
s’exécutait en sens inverse. De même, Astérix et Obélix devaient
traverser plus de villes, mais le voyage fut limité par le nombre de
pages. Les Gaulois devaient visiter Caesarodunum (Tours, pour ses
rillettes), Vesunna (Périgueux, pour son foie gras), Baeterrae (Béziers,
pour son vin), Arelate (Arles, pour son saucisson), Cabello (Cavaillon
pour ses melons), Cularo (Grenoble pour ses noix), Genabum (Orléans,
pour son vinaigre) et Suindinum (Le Mans, pour son poulet). Bien que les
deux personnages visitent Gésocribate (Le Conquet), ils n’y achètent
pas de crêpes comme prévu dans la première version.
Synopsis
Au début
de l’album, l’inspecteur général Lucius Fleurdelotus arrive au camp
romain de Petibonum et informe le centurion Nenjetéplus qu’il est mandé
par Jules César pour s’occuper de l’irréductible village gaulois.
Mais
après une défaite contre les Gaulois, Lucius Fleurdelotus est convaincu
que les Gaulois ne peuvent pas être vaincus et décide de les isoler en
construisant une palissade autour du village. Lorsqu’Astérix découvre la
palissade, il lance un défi à l’envoyé spécial de Jules César : avec
Obélix, il franchira la palissade, fera le tour de la Gaule et ramènera
comme preuves des spécialités gastronomiques des villes gauloises.
Astérix
et Obélix profitent d’une diversion du reste du village pour partir
vers Rotomagus (Rouen). Peu après leur entrée dans la ville, ils sont
reconnus par une patrouille, fuient vers la Seine et profitent d’un
bateau loué par un couple en croisière pour aller vers Lutèce (Paris).
Après
avoir acheté du jambon de Lutèce, ils fuient les patrouilles romaines
en achetant un char d’occasion qui perd sa roue peu après être sorti de
la ville. Ils volent un char de dépannage à un Romain (Tikedbus) pour
arriver à Camaracum (Cambrai).
Ils y achètent des bêtises mais se
retrouvent coincés par une patrouille romaine. S’ensuit une bataille. Le
marchand de bêtises devient la première personne à aider Astérix et
Obélix dans leur pari en retenant les légionnaires le plus longtemps
possible.
Sur la route vers Durocortorum (Reims), ils découvrent
un char en panne, celui pour lequel le char de dépannage que conduisent
les deux héros avait été appelé. Ils dupent le Romain attendant près du
véhicule pour passer un barrage puis l’abandonnent au bord de la route.
Astérix et Obélix achètent des amphores de vin à Durocortorum (Reims)
puis se dirigent vers Divodurum (Metz).
Alors qu’ils passent par
une forêt, Obélix est attiré par l’odeur de sangliers vers la maison de
Quatrédeusix, qui trahit les Gaulois en les dénonçant aux Romains. Mais,
Obélix étant parti en forêt chasser du sanglier, seul Astérix est
attrapé. Obélix part ensuite pour Divodurum (Metz) où il se fait mettre
en prison pour pouvoir libérer Astérix.
Les deux Gaulois partent
ensuite dans un char postal pour aller vers Lugdunum (Lyon). Ils y sont
accueillis par de nombreux légionnaires mais sont aidés par Beaufix, le
chef clandestin de la ville, qui perd la garnison dans un labyrinthe de
ruelles (les traboules). Il offre du saucisson et des quenelles à
Astérix et Obélix avant qu’ils ne partent pour Nicae (Nice).
Après
de longs embouteillages sur la voie romaine n°VII, ils arrivent à Nicae
où ils achètent une salade nicaeoise. Repérés par une patrouille
romaine, ils fuient sur une plage bondée et empruntent une barque à un
vacancier pour aller jusqu'à Massilia (Marseille).
Ils y
récupèrent une bouillabaisse auprès de César Labeldecadix, qui aide
ensuite les deux Gaulois en retenant les Romains (au cours d’une
mémorable partie de pétanque) pendant qu’ils quittent la ville pour
Tolosa (Toulouse). Les deux Gaulois marchent jusqu’à ce qu’il fasse nuit
noire puis s’endorment.
En se réveillant, ils découvrent qu’ils
se sont endormis au milieu d’un camp romain. Ils commencent par se
défendre puis se laissent attraper lorsqu’ils apprennent que les Romains
ont l’intention de les amener à Tolosa, ce qui leur permet d’y acheter
facilement des saucisses. Ils poursuivent ensuite leur route vers Aginum
(Agen).
À Aginum, les Gaulois sont invités par Odalix, un traître
gaulois, à manger dans son auberge. Ce dernier leur donne un petit
paquet de pruneaux. Cependant, Astérix, méfiant, force Odalix à goûter
le premier ses sangliers et découvre ainsi qu'ils sont remplis de
somnifères.
Dans leur route vers Burdigala (Bordeaux), ils se font
voler leur sac contenant les spécialités régionales par Radius et
Plexus, deux voleurs romains. Les deux voleurs se font capturer et sont
pris pour Astérix et Obélix. Les deux vrais Gaulois vont chercher leur
sac de victuailles alors que les voleurs sont sur le point d’être
exécutés, provoquant une émeute.
Ils retournent ensuite vers
l’Armorique à bord du bateau du capitaine Changélédix, transportant des
menhirs. Ils croisent et, conformément à la tradition, coulent les
pirates puis arrivent à Gésocribate (Le Conquet) d’où ils retournent à
leur village. Ils présentent alors le banquet à Fleurdelotus, en y
ajoutant la spécialité du village : la châtaigne.
Place de l'album dans la série
Dans Le tour de Gaule d’Astérix,
la série commence à se fixer. Par exemple, il s’agit du premier album
de la série où Obélix se préoccupe de son poids et s’énerve lorsqu’on le
traite de « gros ».
Éléments récurrents de la série, les pirates
font leur seconde apparition. Erix, le fils du chef Barbe-Rouge, fait sa
première et dernière apparition : il sera laissé ensuite comme garantie
pour que les pirates puissent récupérer un navire. Triple-patte cite
comme dans chaque épisode une citation latine : ici, Victrix causa diis placuit, sed victa Catoni (Les dieux furent pour le vainqueur, mais Caton pour le vaincu, citation de Lucain).
Idéfix fait sa première apparition dans cet album, sur la 6e
case de la page 13, assis devant la charcuterie où Astérix et Obélix
vont chercher du jambon de Lutèce. Il suit ensuite les personnages dans
leur périple et apparaît dans la majorité des cases. Il n’est remarqué
par Obélix que dans l’antépénultième case avant d’être ramassé dans
l’avant-dernière. Il ne sera nommé que dans l’album suivant, Astérix et Cléopâtre, suite à un concours dans le magazine Pilote.
Dans
la première version du scénario (écrite par René Goscinny seul), Idéfix
n’apparaissait pas. Ce n’est que lors de la concertation pour la mise
en page que Albert Uderzo suggéra de placer un petit chien dans les
images. Pour une raison inexpliquée, dans la seconde version du
synopsis, la phrase « À la porte se trouve un petit chien » est
soulignée.
Les personnages secondaires commencent à réapparaître. Ainsi, le centurion, Nenjetépus, est le même que dans Astérix gladiateur.
De même, lorsque Fleurdelotus annonce qu’il retournera à Rome si
Astérix réussit son pari, Obélix lui demande de dire le bonjour à Caius
Obtus, un dresseur de gladiateur rencontré dans l’album précédent, Astérix gladiateur.
César Labeldecadix, Beaufix et Changélédix réapparaîssent au début de l’album Astérix en Corse, avec de nombreux autres personnages des précédents albums.
Certains personnages familiers de la série, tel Cétautomatix, n’ont pas encore leur apparence définitive.
Anachronismes
Le principe du tour de Gaule est une référence au Tour de France cycliste. La version allemande s’intitule d’ailleurs Tour de France.
Ainsi, l’album fait référence fréquemment au tour cycliste : par
exemple, le jaune du sac est une allusion au maillot jaune et les deux
héros sont accueillis comme des vainqueurs du Tour de France à Aginum.
C’est aussi une référence à l’ouvrage « le tour de la France par deux
enfants », ouvrage scolaire du XIXe siècle bien connu à l’époque puisqu’il était toujours diffusé dans les écoles primaires.
Ce choix permet aux auteurs de caricaturer différentes régions françaises. De fait, les anachronismes sont légion.
Ils définissent leur périple sur une carte qui représente les frontières de la France actuelle.
Les
spécialités culinaires collectées sont celles qui font la réputation
aujourd’hui des villes par lesquelles passent les héros de la bande
dessinée. Elles n’existaient pas à l’époque.
Un Romain montant la palissade dit : Exegi monumentum aere perennius (J'ai achevé un monument plus durable que l’airain, phrase prononcée par Horace).
Les
réponses vagues données par les habitants des environs de Rotomagus
(Rouen, ville de Normandie) sont des « réponses de Normand » : « pt’êt
ben que oui, pt’êt ben que non ».
Les embouteillages dans Lutèce rappellent les difficultés de circulation dans Paris. Ils avaient déjà été caricaturés dans La Serpe d'or.
Le
vol du véhicule de la Poste et la citation du soldat romain « [...] on
n’a pas fini d’en parler de l’affaire du courrier de Lugdunum ! » sont
un clin d'œil à l’affaire du courrier de Lyon.
L’aide des
habitants de Lugdunum fait référence à la Résistance à Lyon au cours de
la Seconde Guerre mondiale. Lorsque la résistance perd la garnison
romaine dans les dédales de la ville, le préfet Encorutilfaluquejelesus
sème des cailloux sur sa route, en référence au Petit Poucet.
L’album explique le nom de la place des Quinconces à Bordeaux par la formation romaine du même nom.
La partie de cartes à Massilia est une reprise de la partie de cartes dans Marius
de Marcel Pagnol. Raimu, Fernand Charpin, Paul Dullac et Robert Vattier
(les acteurs de ce film) prêtent leurs traits aux personnages de ce
passage.
Lorsqu’Astérix et Obélix débarquent à Marseille à bord
d’une barque d'un particulier, ce dernier ne peut repartir effrayé par
le mistral que lui annonce un Marseillais, mistral qu’il compare à
l’éruption du Vésuve. Or, il est à noter que la plus célèbre éruption du
Vésuve, détruisant Pompéi, n’a eu lieu que le 24 août 79, soit 129 ans
après le voyage d’Astérix et Obélix.
Dans les noms
Comme
dans les autres albums d’Astérix le Gaulois, les noms des personnages
sont des jeux de mots. De même, tous les Gaulois ont un nom en -« ix »
et les Romains un nom en -« us ».
On trouve chez les Gaulois : Quatrédeusix (Quatre et deux : six), Beaufix (Beau fixe), César Labeldecadix (La belle de Cadix), Odalix (Odalisque) et Changélédix (Changez les disques).
On
trouve chez les Romains : Nenjetépus (N’en jetez plus), Fleurdelotus
(Fleur de lotus), Faimoiducuscus (Fais-moi du couscous, chanson de Bob
Azzam), Tikedbus (Ticket de bus), Petilarus (Petit Larousse), Milexcus
(Milles excuses), Encorutilfaluquejelesus (Encore eût-il fallu que je le
susse), Quelquilfus (Quels qu'ils fussent), Yenaplus (Y en a plus),
Plexus et Radius et le général Motus.
Caricatures
- Raimu (César Olivier) : César Labeldecadix
- Robert Vattier (M. Brun) : l’estranger de Ludgunum
- Paul Dullac (Escartefigue) et Fernand Charpin (Panisse): Escartefigue et Panix, les deux autres joueurs de cartes
Citations latines
- Victrix causa diis placuit, sed victia Catoni. : La cause du vainqueur a plu aux Dieux, celle du vaincu à Caton
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